On
n'a jamais vu d'autre poisson s'accoupler en dehors de sa parenté.
Seul l'ange de mer (squatina squatina)
semble faire cela ainsi que la raie, car
il existe un poisson qui s'appelle ange-raie. Il possède en effet
la tête et les parties antérieures de la raie et les parties postérieures
de l'ange, comme s'il était né de ces deux poissons...
Aristote
"Histoire des animaux" ~330 av. J.-C.
Ce
Poisson mange les autres, il est très goulu, il dévore les hommes
entiers, comme on a conneu par expérience; car à Nice et à Marseille
on a autrefois pris des Lamies, dans l'estomac desquelles on a
trouvé home armé entier. De ceste grande voracité des Lamies,
je crois qu'on a appelé Lamies certaines sorcières, lesquelles
pour avoir grande envie de manger de la chair humaine par tous
moiens de plaisirs attiroient à soi de beaux jeunes homes, pour
après les manger.
Guillaume
Rondelet, moyen age
Les
Provençaux appellent ce poisson ci-après représenté Cagnole et
Juif pour sa cruauté parce qu'il est plus dommageable que nulle
autre bête de sa force. Et pour ce aussi qu'en malfaisant en la
mer, il trompe et déçoit les autres poissons et même les pêcheurs.
Ils l'ont aussi appelé Baratelle. Les Grecs et Latins pour ce
qu'il a la façon d'un niveau de charpentier ou maçon, l'ont appelé
Zigena et Libella. Les italiens l'ont mieux aimé nommer Arbalète
pour cette même figure. Ce poisson est fort grand, rond, long
et monstrueux : de chair fade, insipide et malfaisante au corps
des personnes. Et a la peau ainsi qu'une roussette, mais moins
âpre: et les yeux vers le bas au-dessous de la tête, regardant
la terre. Les dents ainsi que le poisson ci-dessus décrit. Au
surplus, il rencontre bien fort au Chien de mer.
Sans
doutue un déscription dur requin marteau commun par Pierre
Belon (du Mans), ~ 1555
Selon
Rondelet, les oeufs de ce poisson, réduits en poudre, sont
un remède souverain contre la diarrhée. Mais quand
cet auteur raconte d'après Pline, et qu'il prétend
même confirmer, par l'expérience, que ce poisson,
appliqué sur les seins, les empêche de trop croître,
et leur donne de la fermeté, c'est une fable à la
mode de ces temps.
Marcus
Elieser Bloch "Ichtyologie ou Histoire naturelle, générale
et particulière des poissons", XVIIIe siècle
Le
Requin est, pour ceux qui se trouvent exposés à sa voracité, un
ennemi non moins redoutable que l'élément même qui le nourrit
dans son sein. La vaste capacité de son corps, la largeur de son
gosier, qui peut, à ce qu'on prétend, engloutir un homme tout
entier; la multitude de dents aiguës & tranchantes dont sa gueule
est garnie; la force de sa queue, dont les coups violents sont
presque aussi redoutables que ses morsures, tout
semble féconder en lui la férocité qui se peint dans ses yeux
rouges & enflammés : heureusement que sa puissance destructive
se trouve limitée par la position de sa gueule, qui est située
en dessous, comme celle des autres Chiens de mer, & presque éloignée
d'un pied de l'extrémité du museau, en sorte que le monstre pousse
d'abord sa proie devant lui, en se disposant à la saisir; de plus,
il est obligé, pour y parvenir, de se tourner de côté, & par-là
il lui donne souvent le temps de s'échapper, quoiqu'il la poursuive
avec tant de vivacité, qu'il échoue quelquefois sur le rivage.
Louis-Jean-Marie
Daubenton Encyclopédie méthodique. "Histoire naturelle contenant
les poissons",XVIIIe siècle
Mais
la grandeur n'est pas son seul attribut, il reçu aussi la force
et des armes meurtrières, et féroce autant que vorace, impétueux
dans ses mouvements avide de sang, et insatiable de proie, il
est véritable ment le tigre de la mer. Recherchant sans crainte
tout ennemi, poursuivant avec plus d'obstination, attaquant avec
plus de rage, combattant avec plus d'acharnement que les autres
habitants des eaux ; plus dangereux que plusieurs cétacés, qui
presque toujours sont moins puissants que lui ; inspirant même
plus d'effroi que les baleines, qui, moins armées, et douées d'appétits
bien différents, ne provoquent presque jamais ni l'homme, ni les
grands animaux ; rapide dans sa course, répandu sous tous les
climats, ayant envahi, pour ainsi dire, toutes les mers ; paroissant
souvent au milieu des tempêtes ; aperçu
facilement par l'éclat phosphorique dont il brille, au milieu
des ombres des nuits les plus orageuses ; menaçant de sa gueule
énorme et dévorante les infortunés navigateurs exposés aux horreurs
du naufrage, leur fermant toute voie de salut, leur montrant en
quelque sorte leur tombe ouverte, et plaçant sous leurs yeux le
signal de la destruction, il n'est pas surprenant qu'il ait reçu
le nom sinistre qu'il porte, et qui, réveillant tant d'idées lugubres,
rappelle surtout la mort, dont il est le ministre. Requin est
effet une corruption de requiem, qui désigne depuis longtemps,
en Europe, la mort et le repos éternel, et qui a dû être souvent,
pour des passagers effrayés, l'expression de leur consternation,
à la vue d'un squale de plus de trente pieds de longueur, et des
victimes déchirées ou englouties par ce tyran des ondes.
Terrible encore lorsqu'on a pu parvenir
à l'accabler de chaînes, se débattant avec violence au milieu
de ses liens, conservant une grande puissance lors même qu'il
est déjà tout baigné dans son sang, et pouvant d'un seul coup
de sa queue répandre le ravage autour de lui, à l'instant même
où il est près d'expirer, n'est-il pas le plus formidable de tous
les animaux auxquels la Nature n'a pas départi des armes empoisonnées
? Le tigre le plus furieux au milieu des sables brûlants,
le crocodile le plus fort sur les rivages équatoriaux, le serpent
le plus démesuré dans les solitudes africaines, doivent-ils inspirer
autant d'effroi qu'un énorme requin au milieu des vagues agitées
?
Georges-Louis
Leclerc de Buffon "Histoire naturelle, générale
et pariculière des poissons", XIXe siècle
Le Carcharodonte lamie (sans
doute le requin blanc) est un poisson redoutable; sa taille et
sa voracité le rendent le plus terrible des animaux non venimeux.
L'odorat est très développé chez ce plagiostome ; la grandeur
de sa gueule lui permet d'avaler sans trop de difficultés une
proie volumineuse. Il suit les vaisseaux pour recueillir les détritus
lancés du navire; on en a vu un qui bondit jusqu'à une hauteur
de sept mètres au-dessus de l'eau, pour saisir un noir pendu à
une vergue d'un bâtiment négrier. Les muscles de sa queue sont
doués d'une force prodigieuse : un jeune Requin mesurant à peine
deux mètres de longueur, cassa net la jambe d'un homme, d'un seul
coup de sa nageoire caudale. Enfin Brünnich rapporte qu'un de
ces animaux, tué non loin du littoral méditerranéen entre Cassis
et la Ciotat, avait dans son estomac deux thons et un homme dont
les habits n'étaient nullement déchirés. [...]
Marius F. Réguis "Essai
sur l'histoire naturelle des vertébrés de la Provence
et des départements circonvoisins." XIXe siècle
Je lui ai décrit l'état du
cadavre et, selon lui, il n'y a vraisemblablement qu'un seul type
de squale capable d'arranger un corps de cette façon.
- Lequel?
- Le grand requin blanc.
Il y a d'autres requins qui s'en prennent aux gens comme le requin-tigre
et le poisson-marteau, voire le requin bleu mais, selon ce garçon,
Matt Hooper, pour couper une femme en deux de cette façon, il
faut un poisson qui ait une gueule comme ça (il écarta les bras
de près d'un mètre) et le seul squale qui atteigne cette taille
et qui attaque les gens est le grand blanc. Il a un autre nom.
- Ah bon ? fit Brody dont
l'intérêt faiblissait. Lequel?
- Le
requin mangeur d'hommes. Il en existe d'autres qui tuent
à l'occasion une personne pour toutes sortes de raisons parce
qu'ils ont faim, par erreur ou parce qu'ils sentent une odeur
de sang dans l'eau.
Peter Benchley "Les dents
de la mer", 1974
- Les
véritables " mangeurs d'hommes " sont toujours " ailleurs ".
En Europe, on considère les eaux du Sénégal comme très dangereuses.
Mais à Dakar, on vous parle de mer Rouge et de Djibouti. Djibouti
s'enorgueillit de ne pas compter un seul accident, mais on vous
décrit Madagascar comme infesté de requins assoiffés de sang.
A Madagascar même, si vous êtes sur la côte ouest, les requins
dangereux sont sur la côte est et vice versa!
- Les
espèces réputées les plus dangereuses sont, comme par hasard,
les plus rares. Ce n'est pas très logique ! Si le requin
blanc était si terrible, il est probable qu'il aurait mieux réussi
et qu'on le rencontrerait plus souvent. Ceux que nous avons rencontrés
(rarement) ont pris la fuite.
- Les
requins " n'attaquent " jamais d'emblée un plongeur qui a quitté
la surface. Pendant un temps plus ou moins long, mais généralement
considérable, ils tournent autour de vous, s'éloignent, reviennent
prudemment: vous avez le temps de décider calmement de rester
ou de remonter quand les circonstances s'y prêtent.
- Par
eau claire et de jour, un plongeur n'est pas en danger immédiat
s'il rencontre un requin. Une équipe de deux plongeurs
peut surveiller facilement deux requins. Mais quel que soit le
nombre des plongeurs, il est plus prudent pour eux d'organiser
une retraite dès qu'ils se sentent entourés de trois requins ou
plus. Ceci n'est évidemment pas indispensable s'ils disposent
d'une cage à proximité immédiate.
Jacques-Yves et Philippe Cousteau
"Les requins", 1993
Pour
résumer cette page, j'aimerais que tous ceux qui la lisent se
rendent compte que les requins ont toujours provoqué chez l'homme
une fascination, mais que des légendes, des croyances ont provoqués
la peur… L'inconnu fait peur, que fait-on alors pour ne plus se
sentir menacé ? On tue, on massacre, pensez aux indiens d'Amérique,
aux Aborigènes, aux hommes de peau noir, au Juifs… Allons nous
continuer sans cesse de massacrer ce qui nous fait peur ? Apprenons
a connaître ces craintes et elle disparaîtrons…