La première représentation
d'une attaque par ce qui devait être un requin a été retrouvée
sur un vase déterré à Ischia en Italie, une île juste à l'ouest
de ce qui est aujourd'hui Naples. Le vase représente un homme
happé par un poisson pouvant évoquer un requin et a été daté de
725 av. J.-C. La première relation d'une attaque par un monstre
marin remonte à l'histoire grecque, avec Hérodote en 492 av. J.-C.
Il ne parlait pas du requin, même s'il s'agissait probablement
de lui, mais le mot n'existait pas encore et aucune représentation
graphique vraiment ressemblante n'apparaîtra avant le XVIII ème
siècle. Toujours dans l'histoire grecque, le poète Léonidas de
Tarentum évoque la fin tragique du pêcheur d'éponges Tharsys,
alors qu'il était hissé à bord de sa barque par ses deux compagnons
et qu'il fut attaqué par un monstre marin qui lui arracha les
portions inférieures de son corps. Les compagnons de Tharsys ramenèrent
ses restes sur la côte et, ainsi, nota élégamment le poète, Tharsys
fut enterré à la fois sur terre et dans la mer.
Une des premières représentations
d'une attaque de requin par le Suédois Olaus Magnus vers
1550.
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REQUINS DIABLES ET REQUINS DIEUX
Les Grecs écrivirent leurs
mythes dans les constellations, mais bien avant eux les hommes
primitifs y projetèrent diverses représentations de leur propre
dieu-diable : le requin. Les étoffes que les Grecs voyaient comme
la ceinture d'Orion étaient pour les Indiens warran d'Amérique
du Sud la jambe manquante de Nohi-Abassi, un homme qui s'était
débarrassé de sa belle-mère en entraînant un requin, meurtrier
à la dévorer. Comme des légions d'hommes l'apprirent plus tard,
Nohi-Abassi; apprit à ses dépens qu'il ne fait pas bon provoquer
un requin ou une belle-mère. Sa jambe fut coupée par sa belle-sœur,
jouant apparemment le rôle de requin, et Nohi-Abassi mourut. Sa
jambe erra dans une région des cieux, et le reste de son corps
dans une autre.
Pour quelques tribus primitives,
le requin était un dieu vengeur, pour d'autres un diable fourbe.
Dans beaucoup de religions primitives, le statut du requin devint
si complexe qu'il avait plusieurs rôles : les requins devenaient
hommes, les hommes devenaient requins.
Dans beaucoup d'îles du Pacifique,
l'insatiable dieu ne pouvait être rassasié par les hommes, femmes
ou enfants qu'il engloutissait occasionnellement dans les profondeurs
marines. Le dieu-requin réclamait alors l'ultime hommage : le
sacrifice humain. Le chef des grands prêtres de quelques îles
se rendait alors parmi le peuple. Un assistant l'accompagnait,
portant un nez similaire au long museau du requin. Sur un signal
de son chef, l'assistant pointait le nez vers la foule. La personne,
homme, femme ou enfant, qui se trouvait visée par le nez était
immédiatement saisie et étranglée. Son corps était ensuite rituellement
coupé en morceaux et jeté à la mer pour les dieux-requins.
Dans les îles Salomon, les
requins déifiés vivaient dans des cavernes sacrées construites
pour eux près de la côte. En face de ces cavernes étaient érigés
de grands autels de pierre sur lesquels étaient placés les corps
des victimes choisies. A l'issue de cérémonies mystiques, les
corps étaient offerts aux requins. Certains requins, dans les
îles Salomon, étaient considérés comme des incarnations d'ancêtres
disparus. Ceux-là étaient les bons requins. D'autres requins aliénés,
qui erraient entre les îles pour des missions diaboliques, étaient
considérés comme malveillants. Les pêcheurs pouvaient cependant
refouler ces requins malfaisants en brandissant devant eux de
petites statuettes de bais représentant les requins familiers.
Tous ces rites et traditions
plus ou moins effrayants existaient encore il y a quelques dizaines
d'années dans certaines îles isolées, les plus "civilisés" d'entre
eux persistent encore... Les pêcheurs vietnamiens se réfèrent
encore au requin baleine en sa qualité de Ca Ong ou " Monsieur
Poisson ". De petits autels implorant la protection de Ca Ong
peuvent être vus sur des dunes de sable tout le long de la côte
vietnamienne du Centre et du Sud, à proximité des épaves de tanks
et d'autres vestiges de la guerre.
Lorsque l'US Navy construisit
l'énorme base de Pearl Harbor à Hawaï, on découvrit les restes
d'une enceinte où les rois hawaïens faisaient se battre des gladiateurs
locaux avec des requins captifs. Ces derniers représentaient les
ancêtres, et étaient nourris avec des hommes vivants. La seule
arme dont pouvait disposer le guerrier gladiateur était une dent
de requin, une seule, montée sur un court manche de bois tenu
fermement dans le poing. Seule dépassait la dent, entre deux doigts
solidement fermés sur le manche… L'arène des requin était une
enceinte circulaire d'environ un hectare, composée de pierres
de lave. Elle comprenait une ouverture du côté de la mer, afin
que l'eau y pénètre. Poissons et appâts humains étaient jetés
dans l'enceinte afin d'attirer les requins dans l'ouverture.
Il y a encore bien des choses
à dire sur l'historique du requin, ça vient ne vous inquiétez
pas...
Les
écrits